Parcourir les besoins essentiels et préparer le temps collectif d’après.

On arrête tout.

Ce qui était impossible hier sera possible demain et, à moins d’attendre stoïquement que passe ce moment d’une métamorphose attendue, il va être difficile de rester zen et de ne pas se poser de questions. Difficile de ne pas évaluer les priorités de sa vie d’avant et les importances de demain. Et dans ce monde qui sera surement bousculé, quels seront vraiment nos désirs, nos envies, nos besoins.

La situation est aujourd’hui douloureuse, mais idéale. C’est maintenant qu’il est nécessaire de penser notre avenir, sinon le monde tel qu’il était, tel qu’il est, porteur de toutes nos fragilités, nous mènent à la catastrophe. Il n’y aura pas de sauveur, c’est à chacun de se réapproprier sa vie et de redéfinir le collectif et les communs qui vont bien avec.

Pour cela il va falloir trier, éviter ce qui, en fin de compte, n’a pas grand intérêt à nos yeux et donner plus de place à ce qui nous est essentiel.

En premier lieu, cette situation de nécessaire pas de côté nous oblige à revoir nos pratiques quotidiennes et notre rapport à l’autre, notre rapport aux autres. Nous devons apprendre à lire et à donner une visibilité à des organisations de vie alternative, expérimentale qui semblent apporter à chacun des repères, des faisabilités, des réponses aux besoins qui nous permettent de bien vivre ; faire émerger ces besoins essentiels auxquels d’ailleurs chacun donne une valeur qui lui est propre et qui n’ont pas de hiérarchie et des temporalités différentes.


Les besoins physiologiques

sont directement liés à la survie des individus ou de l’espèce. Ce sont typiquement des besoins concrets (dormir, manger, boire, respirer, avoir une sexualité et se reproduire). Ils s’inscrivent dans un temps très court et parfois immédiat.

Défi : (Ré)équilibrer le travail qui produit du commun marchandisé avec l’activité qui est une réponse productive individuelle non marchandisé.

Exemple de solution :

Le besoin de sécurité

qui se traduit par des démarches de résilience consistant à pouvoir satisfaire dans le temps les besoins physiologiques définis ci-dessus, à composer ou à se protéger contre les différents manques qui pourraient surgir. Il s’agit donc d’un besoin de préservation d’un existant, d’un acquis. Il s’inscrit dans un temps long.

Défi :

Exemple de solution :

Le besoin d’appartenance

au monde qui nous entoure, c’est le lieu des échanges et des interdépendances. C’est le besoin d’être entendu, écouté, reconnu par les groupes dans lesquels chacun vit (couple, famille, travail, association, etc.) mais aussi ressentir qu’on est un élément de la nature et constitutif des générations futures. Cela se traduit par l’amitié, l’amour, l’acceptation. On est là dans un temps court, c’est le sentiment d’exister (https://coop.eelv.fr/le-don-la-dette-et-lidentite-de-jacques-t-godbout/).

Défi :

Exemple de solution :

Le besoin d’estime de soi

il est la matière du besoin d’appartenance et d’échange. Il se construit par l’autonomie qui va faire de chaque individu une personne unique, reconnue en tant qu’entité propre. Il se construit par les projets, les objectifs, les opinions, les convictions, les occupations. Il crée l’identité de chacun et est le parcours d’une vie.

Défi :

Exemple de solution :

Le besoin de s’accomplir

ce sont les moments où l’on conduit ses apprentissages et on rend à tous le fruit de ses enrichissements.

Défi : l’émancipation sur tous les sujets

Exemple de solution :

Nous resterons diverses

On constate que tous ces besoins sont interdépendants, dans des temporalités différentes, mais qu’aucun ne devrait être complètement abandonné. En fonction des moments, nous ne donnerons pas la même valeur temps à ces besoins et nous resterons individuellement divers.

Avoir la possibilité de choisir

Ces besoins lorsqu’il sont mal pris en compte crées une situation de pauvreté où tous nos choix nous sont imposés. Dans cet instant où la plupart de nos besoins sont monétisés, nous sommes donc pauvres quand nous n’avons pas d’argent. Reste que dans l’absolu l’indicateur des pauvretés n’est pas l’argent mais le non choix de la manière de pouvoir satisfaire les besoins exprimés ci-dessus et qui ne sont pas que physiologiques.

Satisfaire ses besoins en dehors du cadre commun actuel, c’est-à-dire en dehors de la suprématie étouffante de l’échange monétaire, est une manière de se réapproprier sa vie. Dans notre monde complexe, cela passe par une volonté de coopération avec toutes les diversités enrichie par des lieux de confrontation bienveillante ; les associations ne portant pas de valeurs marchandes en sont un bon exemple

Nous nous devons d’imaginer des collectifs et des communs qui prennent en compte, lorsque l’intérêt s’impose, l’ensemble de ces éléments pour que nous soyons naturellement des personnes et des citoyens épanouis.