Edition : fin de l’étape 0 texte martyr – 01 /04/2025 (voir notice)

Installer et ancrer une Communauté du Faire : un autre présent

Il y a ceux et celles qui parlent chiffres, croissance et plans quinquennaux. Ceux et celles qui rêvent d’un redressement par l’industrie, d’un avenir calibré, rentable, compétitif.

Et puis, il y a ceux et celles qui font.

Ceux et celles qui savent que chaque méga-usine rouverte, chaque nouvelle chaîne de montage, chaque production « industrielle » c’est un peu plus de savoir-faire qui s’érode, un peu plus de dépendance qui s’installe. Ceux et celles qui refusent les promesses du gigantisme, de l’économie d’échelle, non par nostalgie, mais par lucidité. Parce que pour eux et elles, produire, ce n’est pas une affaire de compétitivité ou d’attractivité territoriale ; c’est une affaire d’appropriation, de transmission.

Ancrer une Communauté du Faire, c’est recommencer autrement, à une échelle où le réel compte plus que les modèles théoriques en se tenant loin des récits triomphants, loin des solutions préfabriquées.

La richesse et la force de l’indépendance collective ne se décrète pas, elle se construit par l’usage, l’expérimentation, la patience.

Dans un monde saturé de production de masse, où l’industrie dicte nos gestes et nos besoins, « Faire » devient un acte de résistance. Pas un retour en arrière mais une avancée, une autonomie choisie, où l’on sait d’où viennent nos outils, nos vêtements, notre nourriture. Où l’on sait comment et par qui ils ont été faits … c’est une question de sens, et même de bon sens pour être au goût du jour.

Une Communauté du Faire n’est pas une utopie ; l’esquisse est déjà là – dans ces fermes collectives où l’on cultive sans détruire – dans ces ateliers partagés où l’on façonne des objets pensés pour durer et où l’on répare au lieu de jeter.

Cette communauté émerge dès que des individus refusent d’être de simples rouages d’un système qui leur échappe.

C’est le pouvoir de Faire.

Faire, c’est aussi faire ensemble, retisser du lien, sortir de l’isolement ; rendre à la vie quotidienne une saveur que l’industrie a volée.
Et puis ce qui est fait avec attention et compréhension n’est jamais un simple objet ; c’est une œuvre, une extension de soi, une autre façon d’habiter le monde.

Installer une Communauté du Faire en Europe, c’est naviguer à contre-courant d’une dynamique qui nous mène droit dans le mur par – une financiarisation galopante – une dépendance aux chaînes d’approvisionnement mondiales – une concentration extrême des infrastructures de production. On nous vend la ré-industrialisation comme un impératif stratégique, sous couvert de souveraineté économique et de transition écologique ; mais cette industrie-là reste prisonnière des mêmes logiques géopolitiques extractivistes et technocratiques. Elle ne nous libère pas ; elle nous enchaîne autrement.

L’enjeu est bien culturel.

Une société post-industrielle ne se décrète pas, elle se construit – en tissant des réseaux distribués – en réinventant une production hybride entre artisanat, low-tech et innovation sociale et locale – en évitant les mécanismes d’asservissement économique par des alternatives monétaires et d’échanges.

Nous vivons dans un pays où les usines ont fermé les unes après les autres, où les savoir-faire se sont érodés sous le poids des délocalisations et de la finance. Relever la tête, ce n’est pas relancer l’industrie sous une autre forme ; c’est bâtir un modèle qui ne repose plus sur la dépendance aux grandes structures ni sur l’illusion d’un retour à hier.

Une génération qui reprend la main aujourd’hui laissera derrière elle bien plus qu’un patrimoine économique : elle léguera la possibilité même d’un avenir choisi.

Un autre avenir – solide et résistant.­­­­­­­­­­­­­­­ … composant essentiel de notre défense et de la paix.

ZAZ – Je veux (Clip officiel) – YouTube

Edition : début de l’étape 1 – 1/04/2025

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