Capitalisme

Le capitalisme est un système économique et une idéologie politique caractérisé par la propriété privée des moyens de production, la séparation du capital et du travail, et la régulation marchande.

Par extension, le terme peut également désigner l’organisation sociale induite par ce système ou un système fondé sur l’accumulation du capital productif fondé sur la recherche du profit.

Les acteurs du système capitaliste sont les individus, des entreprises, des associations, des fondations voire l’État (capitalisme d’État) quand il assume un rôle économique. … qui s’appuie sur sur un droit de propriété.



Réflexion

Le capitalisme est souvent critiqué pour ses excès : financiarisation, inégalités, exploitation. Mais ces dérives ne sont que les conséquences d’un socle plus profond — le droit de propriété. Être anticapitaliste ne consiste pas seulement à dénoncer les abus du système, mais à remettre en cause la définition même de la propriété telle qu’elle structure les rapports sociaux, économiques et politiques. Cet essai propose de réinterroger le lien entre capitalisme, propriété, lutte des classes et commun politique, afin d’esquisser les contours d’une société post-capitaliste.


I. Le capitalisme comme régime de propriété

Le capitalisme repose sur une architecture juridique précise : la propriété privée des moyens de production. Ce droit est exclusif, absolu et transmissible. Il permet l’accumulation du capital, la séparation entre capital et travail, et la régulation marchande. Même dans ses formes étatiques ou sociales, le capitalisme conserve ce socle : l’État peut être propriétaire, mais il agit selon les mêmes logiques de valorisation et de contrôle.

La propriété privée est donc la condition d’existence du capitalisme. Sans elle, il n’y a ni marché, ni profit, ni exploitation. Les communs politiques eux-mêmes — comme le Conservatoire du littoral — s’appuient sur une forme de propriété (publique ou collective) pour exister juridiquement. Ce n’est pas la propriété en soi qui est problématique, mais sa définition capitaliste.


II. L’anticapitalisme comme critique du droit

Être anticapitaliste implique une remise en cause du droit de propriété tel qu’il est conçu dans le capitalisme. Cela ne signifie pas abolir toute forme de propriété, mais en transformer les fondements. Plusieurs alternatives existent :

  • Le droit d’usage, où l’on utilise sans posséder.
  • La propriété collective, gérée par des communautés ou des coopératives.
  • La propriété culturelle, fondée sur des liens symboliques ou spirituels (comme chez les peuples autochtones).
  • La propriété fonctionnelle, subordonnée à la fonction sociale du bien.

Ces formes de propriété existent dans des sociétés non capitalistes, où la terre, les ressources ou les savoirs ne sont pas des marchandises, mais des éléments d’un écosystème partagé.


III. La lutte des classes : levier ou impasse ?

Marx a théorisé la lutte des classes comme moteur de l’histoire. Dans le capitalisme, elle oppose les propriétaires des moyens de production aux travailleurs. Mais cette lutte ne devient anticapitaliste que si elle vise à abolir le droit de propriété capitaliste. Sinon, elle reste une dynamique interne au système, susceptible d’être récupérée ou neutralisée.

La financiarisation, par exemple, n’est pas une idéologie mais une technique qui renforce le capitalisme. Confondre la technique et l’idée revient à critiquer les symptômes sans toucher à la cause. L’anticapitalisme véritable doit s’attaquer à l’architecture juridique du système, pas seulement à ses manifestations.


IV. Le commun politique : une refondation du droit

Les penseurs contemporains du commun (Dardot, Laval, Hardt, Negri) proposent une voie alternative : le commun politique. Il ne s’agit pas seulement de partager des ressources, mais de refonder le droit et la gouvernance. Le commun devient un principe politique, fondé sur la co-activité, la délibération et la responsabilité collective.

Cette approche dépasse la dialectique capital/travail. Elle propose une société où les ressources sont gérées démocratiquement, selon des règles élaborées en commun. Le droit n’est plus un instrument de domination, mais un outil de coopération.


Conclusion

Le capitalisme ne peut exister sans propriété privée. Être anticapitaliste, c’est donc remettre en cause cette définition, et non seulement ses dérives. La lutte des classes est un levier, mais elle doit s’accompagner d’une refondation du droit. Le commun politique offre une voie pour penser une société post-capitaliste, fondée sur l’usage, la responsabilité et la démocratie. Il ne s’agit pas de revenir à un passé idéalisé, mais d’inventer les formes juridiques et politiques d’un avenir libéré de la logique de l’appropriation.


Manifeste pour une République des Communs

Repenser la propriété pour sortir du capitalisme

Le capitalisme ne se résume pas à la finance, à la consommation ou à la croissance. Il repose sur un socle juridique fondamental : le droit de propriété privée des moyens de production. C’est ce droit, défini comme absolu, exclusif et transmissible, qui rend possible l’accumulation, la spéculation, l’exploitation et la marchandisation du vivant.

Or, le capitalisme ne peut exister sans propriété privée. C’est pourquoi l’anticapitalisme ne peut se contenter de dénoncer les excès du système : il doit s’attaquer à ses fondements. Cela implique une refondation du droit, une réinvention de la manière dont nous concevons, exerçons et partageons la propriété.


Vers une nouvelle grammaire du droit

Nous affirmons que la propriété ne peut plus être pensée comme un droit individuel absolu, mais comme une fonction sociale, écologique et démocratique. Il ne s’agit pas d’abolir toute forme de propriété, mais de transformer la définition de la propriété, c’est :

  • Passer de l’appropriation à l’usage : Ne plus considérer les biens comme des objets à posséder, accumuler ou vendre, mais comme des ressources à utiliser de manière responsable, selon les besoins réels et partagés.
  • Passer de l’exclusion à la co-activité : Abandonner le droit d’exclure les autres pour privilégier la gestion collective, la coopération et la participation active des communautés dans l’usage et la gouvernance des biens.
  • Passer de la rente à la responsabilité : Ne plus tirer profit d’un bien simplement parce qu’on en est propriétaire, mais assumer une responsabilité sociale, écologique et politique dans sa préservation et son accessibilité.

Nous appelons à reconnaître juridiquement les communs politiques : des ressources matérielles ou immatérielles gérées collectivement par des communautés selon des règles démocratiques, dans l’intérêt général.


Les communs politiques : une alternative concrète

Les communs ne sont pas des utopies abstraites. Ils existent déjà, dans les jardins partagés, les coopératives d’habitants, les logiciels libres, les forêts gérées collectivement, les archives ouvertes, les zones de gratuité. Ils incarnent une autre manière de faire société : fondée sur la solidarité, l’autonomie, la délibération et le soin du vivant.

Nous demandons :

  1. La reconnaissance juridique des communs dans le droit français et européen.
  2. La réécriture de l’article 544 du Code civil, pour intégrer la fonction sociale et écologique de la propriété.
  3. La création d’un statut des biens du Commun politique, inaliénables, cogérés et protégés.
  4. La transformation de la fiscalité pour favoriser les usages collectifs et décourager la spéculation.
  5. La formation d’assemblées citoyennes pour gouverner le Commun politique localement.

Pour une République du Commun politique

Nous ne voulons pas revenir à un passé idéalisé. Nous voulons inventer un avenir libéré de la logique de l’appropriation, où les ressources vitales ne sont plus des marchandises, mais des biens partagés. Une société où le droit protège non pas la propriété pour elle-même, mais la vie, la coopération et la dignité.

Ce manifeste est un appel à toutes celles et ceux qui refusent de confondre liberté et propriété, démocratie et marché, progrès et accumulation. Il est temps de refonder la République sur le Commun politique, pour que la politique reprenne le pas sur l’économie, et que le droit serve enfin le bien commun.


Pour aller plus loin :

Métabolisation démocratique – Post-croissance Métabolisation démocratique Base de connaissance post-croissance