2 points de vue autour du vivant — Israël-Palestine

Point de vue : une sociologie vivante
« Le désespoir est bien pire que la haine » avec Eva Illouz :

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-grand-face-a-face/le-grand-face-a-face-du-samedi-17-mai-2025-4694954

En quoi la modernité modifie-t-elle nos émotions ? Débat avec Eva Illouz, directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, auteure “Explosive modernité. Malaise dans la vie intérieure” (Gallimard).


Naturer (rendre quelque chose plus naturel et en harmonie avec l’environnement)


La situation à Gaza et la question israélo-palestinienne sont le reflet d’une crise de « dé-naturation » collective. Ce n’est pas seulement Israël qui a dévoyé sa quête de survie en une logique d’accaparement et de domination, mais l’ensemble de la communauté internationale qui a permis, par son soutien, sa complaisance ou son inaction, que cette logique perdure.

Le vivant : un système intrinsèquement « naturé » et frugal.

Chaque espèce ou organisation vivante s’adapte pour utiliser un minimum de ressources tout en garantissant sa survie. Un prédateur ne chasse que pour se nourrir, une plante ne puise que les nutriments essentiels à sa croissance.Le vivant se nourrit donc du vivant ( Francis Wolf) parfois sous forme de déchets qui sont les matières que celui qui les produit destine à l’abandon … mais qui deviennent les ressources d’un autre à condition d’être reconnu (sourcing) donc non mélangé.
Cette circularité d’une efficacité redoutable, qui traduit un attachement à la survie, n’existe que quand est maintenu un équilibre entre abondance et suffisance. Une forêt tropicale est un modèle d’abondance, mais chaque espèce y occupe une niche qui limite sa consommation à l’essentiel et est déterminé par une forme de frugalité.
La frugalité du vivant est donc un principe d’harmonie qui repose sur l’essentiel (seulement ce qui est nécessaire) et la suffisance (rien de superflu).

Une illusion de survie absolue.

À l’origine, le sionisme s’est présenté comme une réponse à un besoin légitime de sécurité pour le peuple juif, persécuté à travers l’histoire. En cela, il était « naturé » : il s’agissait d’une quête de survie et d’autodétermination, en accord avec les principes fondamentaux du vivant.
Cependant, au fil du temps, cette dynamique a pris une forme « dé-naturée ».
Le sionisme devenu organisation politique s’est transformé en un système marqué par une volonté de domination en rupture avec l’essentiel constitutif de son objectif de garantir sa survie. L’expansion territoriale a oublié la suffisance et l’harmonie de la coexistence en portant l’illusion d’une sécurité totale où l’un doit perdre pour que l’autre survive.


La solution Isratine : un retour au « naturé » ?

La proposition d’Isratine, une fédération unique entre Israéliens et Palestiniens, offre une perspective radicalement différente, car elle repose sur les principes de la frugalité et de la coopération ; elle envisage une coexistence où les deux peuples partageraient les ressources, les terres et les droits.
Dans cette perspective, la solution Isratine serait une tentative de ré-ancrer les sociétés humaines de la région dans une dynamique « naturée », où les priorités du vivant — la survie, mais aussi la coopération et la symbiose — reprennent le dessus sur la logique « dé-naturée » de domination et d’accaparement.

Revenir au « naturé », c’est reconnaître que la sécurité d’un peuple ne peut être construite sur l’insécurité de l’autre, que la prospérité d’une nation ne peut se bâtir sur la privation des autres.


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