Incendie dans l’Aude – août 2025

Réponse à « L’écolo, l’agriculteur et le pompier » — Pour une colère lucide et constructive

Oui, la colère est légitime. Oui, l’abandon des territoires, la dévalorisation du travail paysan, l’absence de politiques cohérentes et la marginalisation des métiers de la terre sont des scandales.

Mais la colère ne suffit pas si elle ne s’accompagne pas d’une remise en question profonde, y compris au sein même des pratiques agricoles actuelles.

Car si l’agriculture a jadis façonné nos paysages, c’est aussi au nom du rendement, des subventions à l’hectare, et du productivisme que l’on a trop souvent détruit les haies, drainé les zones humides, surexploité les nappes, épuisé les sols et appauvri la biodiversité. Ce n’est pas « l’écologie radicale » qui a industrialisé l’agriculture, c’est une logique de court terme portée aussi par une partie du monde agricole, sous pression certes, mais souvent complice.

Aujourd’hui, on ne peut pas continuer à défendre une agriculture qui dévore l’eau en période de sécheresse, qui promeut des modèles intensifs peu résilients face aux crises climatiques, et qui parfois refuse de penser l’avenir autrement que comme la perpétuation du passé.

La colère ne devrait pas seulement être tournée vers « l’écolo », mais aussi vers les modèles agricoles dominants qui refusent d’évoluer. Ceux qui s’opposent à toute remise en cause de l’usage du foncier, de la mécanisation à outrance, ou des pratiques qui font de l’agriculteur un maillon d’un système agro-industriel destructeur.

Ce n’est pas en opposant le berger à l’écologiste ou le pompier au forestier que l’on construira l’avenir. C’est en réinventant ensemble un ménagement du territoire, où les agriculteurs seront les alliés de la biodiversité, les premiers acteurs de la prévention des risques, et les garants d’une alimentation locale, saine et résiliente.

Alors oui, appelons le pompier. Mais appelons aussi à un sursaut de lucidité dans les campagnes, pour que les pratiques agricoles soient aussi partie de la solution — pas uniquement de la nostalgie.


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