Proposition d’une base de travail
Invitation à faire du blocage institutionnel une méthode de réouverture démocratique
Motion de censure fondatrice
Titre : Tout bloquer pour tout relier
Objet : Acte de responsabilité démocratique dans une Assemblée sans majorité
I. Ce que nous devons faire
La France vit une situation politique inédite : une Assemblée sans majorité, des blocs qui s’opposent sans se parler, une société qui ne croit plus au politique.
Chacun cherche la solution dans le retour à l’ordre, la verticalité, la figure du chef.
Mais c’est l’inverse qu’il faut faire.
Nous devons réapprendre à vivre la discorde. Accepter qu’aucun camp ne détient seul la vérité. Reconnaître que la démocratie n’est pas faite pour supprimer les tensions, mais pour leur donner forme et dignité.
II. Une Assemblée sans majorité, c’est une chance
On nous dit que cette Assemblée est ingouvernable. C’est faux. Elle est simplement vivante.
Pour la première fois depuis des décennies, aucune force ne peut imposer son point de vue.
Nous devons transformer cette contrainte en méthode.
Faire du débat, du désaccord et du temps de la délibération les nouvelles forces du politique.
Cela exige une rupture avec la logique du pouvoir — Ne plus chercher à vaincre, mais à faire tenir ensemble. — Ne plus écraser les voix minoritaires, mais écouter pour construire du droit commun.
III. Le rôle du politique : restaurer le droit et le lien
Le rôle du politique n’est pas de produire des vainqueurs et des vaincus, mais de rendre possible la parole entre ceux qui ne se comprennent plus.
Aujourd’hui, le capital économique décide plus vite que le vote. Les algorithmes, les marchés, les cabinets de conseil gouvernent à la place du peuple.
Notre tâche est claire — Ramener la décision dans la sphère du droit, du débat et du temps collectif. — Réhabiliter le Parlement, non pour rallumer la guerre des blocs, mais pour redonner au conflit une forme, une légitimité, une utilité.
IV. Tant que le politique obéit, il ne gouverne pas
Tant que le politique se contente d’appliquer des flux venus d’ailleurs — la norme, la peur, la finance — il ne gouverne plus, il obéit.
Nous voulons une Assemblée qui écoute, qui relie, qui ose dire non. Une Assemblée qui s’occupe enfin de ce qui fait la vie : les gestes du quotidien, les amitiés habitées, les solidarités discrètes … les joies d’être.
Les flux techniques, les chiffres, les normes ; qu’ils viennent en seconde main, pour accompagner — pas pour commander.
Le premier geste du politique, c’est de reconnaître ce qui nous relie ; pas ce qui nous classe.
V. Une nouvelle grammaire
Nous devons changer de grammaire politique.
- Confiance : parler vrai, même quand c’est difficile.
- Culture : comprendre avant de juger.
- Créativité : inventer d’autres manières de faire loi.
- Coopération : travailler avec ceux qui pensent autrement.
- Care : prendre soin des institutions, des citoyens, et des désaccords eux-mêmes.
Ce n’est pas un idéal moral : C’est une méthode de survie démocratique.
VI. Accueillir la dissonance : polyphonie du vivant
La discorde est le conflit assumé, la dissonance est ce qui résiste sans crier — les deux sont nécessaires.
Nous ne voulons pas seulement une Assemblée capable de débattre des grandes oppositions.
Nous voulons une Assemblée qui sache entendre les écarts de ton, les désaccords feutrés, les inconforts persistants.
Car une société ne se fracture pas seulement par les cris. Elle se défait aussi par les silences non entendus, les rythmes non partagés, les vies non reconnues.
Accueillir la dissonance, c’est refuser de normaliser les existences. C’est reconnaître que le politique naît aussi des gestes du quotidien, des amitiés habitées, des solidarités discrètes, des joies d’être.
C’est faire de l’Assemblée un lieu de polyphonie, pas d’unisson. Un lieu où les voix ne s’accordent pas toujours — mais se répondent, se frottent, se transforment.
Nous ne cherchons pas l’harmonie parfaite. Nous cherchons une composition vivante, où chaque dissonance devient une note de transformation.
VII. Ce que nous faisons maintenant
Nous déposons cette motion de censure non pour imposer un gouvernement, mais pour arrêter la mécanique du pouvoir vertical, pour refonder le jeu démocratique sur la base du lien.
Nous bloquons ce qui sépare ; pour rouvrir ce qui relie.
Nous ne cherchons pas le consensus. Nous ne cherchons pas le compromis. Nous cherchons à rendre la discorde habitable.
Cette motion est un acte d’éveil. Un appel à la responsabilité partagée. Un refus de continuer comme avant.
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