Voix/image/ 0 » – Empreintes croisées — 8 voix pour penser le monde autrement (narrative)
C’est une traversée sensible et critique de nos traces sur le monde.
Au travers des objets que nous utilisons.
Qu’ils viennent de « chez nous » ou d’autres pays.
L’empreinte matière c’est les ressources naturelles.
L’empreinte eau c’est l’eau douce.
L’empreinte sol c’est les surfaces agricoles et forestières.
L’empreinte biodiversité c’est les écosystèmes et les espèces vivantes.
L’empreinte carbone c’est les gaz à effet de serre.
L’empreinte sociale et humaine c’est la solidarité, le partage, toutes les justices.
Toutes ses empreintes sont une réalité, et pourtant vous m’oubliez souvent.
Mais je suis partout.
J’entretisse l’eau au sol, la matière à la biodiversité,
le carbone au temps, le vivant à vos gestes.
Il n’y a pas un système, mais une multitude.
C’est ainsi que l’empreinte devient conscience.
Pour ne pas laisser les gens de côté ou détruire ce qui nous fait vivre.
Voix/image/ 1 – La matière (grave, lente)
Je suis le poids des choses.
Je suis la montagne qu’on gratte, la forêt qu’on coupe, le sol qu’on retourne.
On m’empile, on m’accumule.
12,5 tonnes par personne – c’est moi, c’est vous.
Je ne me mesure pas seulement en grammes, mais en trous béants et en silences.
On m’oublie, mais je suis là, dans vos poches, sous vos roues, au bout de vos doigts.
Voix /image/2 – L’eau (fluide, inquiète)
On me croit transparente.
On m’imagine infinie.
Mais je suis détournée, pompée, volée.
Dix mille litres pour un jean… et combien pour une assiette ?
Là-bas, je manque. Ici, je déborde.
Je circule, mais je ne suis pas libre.
Je vous porte, mais qui me protège ?
Voix/image/ 3 – Le sol (terreuse, enracinée)
On m’aplatit. On m’organise.
Champs, routes, hangars, monocultures.
On me croit vide quand je suis pleine de vie.
Je suis l’humus des siècles, le ventre du monde.
Et pour nourrir vos assiettes, j’expire peu à peu.
On m’appelle ressource. Je suis matrice.
Voix /image/4 – La biodiversité (frémissante, presque chuchotée)
Je suis le cri qu’on n’entend pas.
Je suis le battement d’ailes, la lumière d’un poisson, la voix d’un loup.
Je suis l’invisible qui rend tout possible.
Et pourtant… je disparais.
Vos gestes quotidiens, vos conforts discrets, m’arrachent au vivant.
Qui pleure l’extinction des lucioles ?
Voix/image/ 5 – Le carbone (lucide, engagé)
On me connaît trop.
On ne me comprend pas.
Je suis dans vos voyages, vos écrans, vos toits chauffés.
Je suis l’ombre de votre feu.
Je suis la dette que l’on creuse dans l’air.
On me combat, mais parfois au prix d’autres empreintes.
Suis-je le seul à porter tout le blâme ?
Voix /image/6 – La sagesse (équilibrée, critique)
Vous cherchez un responsable ? Il n’y en a pas qu’un.
Vous voulez une solution ? Il n’y en a pas qu’une.
L’eau n’est pas coupable, si elle irrigue des vies.
Le carbone n’est pas l’ennemi, s’il éclaire avec sobriété.
La matière, la terre, le vivant… tous liés, tous en tension.
Cherchez l’équilibre, pas la pureté.
Cherchez le sens, pas la quantité.
Interrogez les usages, les besoins, la justice.
Et peut-être, alors, nos empreintes deviendront des traces plus légères.
Voix/image/ 7 – Les systèmes (souterraine, connectée, subtile, entretissé)
Équilibrer, c’est raisonner en systèmes arranger, comme un bouquet composé.
Qui nous réjouit et nous fait exister, nous permet de respirer.
C’est aussi faire des choix, chaque système a son sujet,
Façonnant notre monde et notre imaginaire.
Chercher l’harmonie d’actions à effets convergents.
Réhabiliter la question du sens, du besoin, de la finalité
Eviter les solutions qui déplacent les impacts sans les résoudre.
Faire des choix situés, réflexifs, ajustables, par des conventions régulières.
Voix /image/8 – Le social et l’humain (chaleureuse, résistante, plurielle)
Je suis ce qu’on oublie quand on ne regarde que les chiffres.
Je suis les mains qui fabriquent, les corps qui se fatiguent,
les visages derrière les ressources.
Je suis le droit au repos, à la dignité, au soin.
Je suis les solidarités invisibles, les transmissions, les luttes.
Je suis là quand on partage, pas quand on accumule.
Je suis blessée quand le monde est productif mais injuste.
Je rappelle que ce qui est durable, ne l’est que s’il est équitable.
Et que l’empreinte la plus noble, est celle qu’on laisse dans le cœur des autres.