Edition : fin de l’étape 0 texte martyr – 18 /03/2025 (voir notice)
Lors d’une émission de radio dédiée aux enseignants, un intervenant a attribué leurs difficultés au non-respect des normes et de l’ordre moral par les élèves. On peut aussi penser que ces règles, déconnectées de la réalité des élèves, en deviennent partiellement incompréhensibles.
… Cela m’a semblé aussi le reflet d’une partie de notre société qui veut imposer d’une manière de plus en plus autoritaire une vision sociétale périmée et aveugle aux changements qui s’imposent!
L’impasse des modèles politiques et la quête d’un avenir à définir
Dans un monde où les repères traditionnels s’effacent et sont en mutation rapide, le conservatisme semble avoir perdu sa raison d’être en étant déconnecté de la réalité actuelle. Longtemps associé à la préservation et au maintien des structures établies, il se heurte à une réalité mouvante, où les valeurs qu’il défend ne trouvent plus d’ancrage solide tout en voulant continuer à s’imposer. Les traditions, les normes et les institutions sur lesquelles il s’appuyait sont en perpétuelle mutation, remettant en cause son efficacité et son sens même.
Dans notre société contemporaine, notamment parmi les jeunes et dans le milieu scolaire, on observe une remise en question des normes et interdits traditionnels. Cette évolution remet en cause les modèles parentaux autoritaires et les institutions dites structurantes telles que l’Église, l’école stricte ou l’État paternaliste. Parallèlement, l’individualisation croissante et la diversité des choix offerts par nos sociétés actuelles fragilisent les modèles moraux rigides, conduisant à une construction identitaire plus fluide. Cette nouvelle construction intègre des dimensions telles que le genre, les croyances ou des valeurs alternatives conduisant à une identité qui se construit de plus en plus au-delà des limites physiques, comme en témoignent les avatars, le métavers ou l’hyperconnexion.
Les normes demeurent présentes, mais elles deviennent plus fluctuantes, personnalisées et décentralisées, influencées par les réseaux sociaux, les valeurs communautaires ou de nouvelles formes de militantisme. Elles annoncent l’émergence d’une nouvelle société.
Dans ce contexte, le radicalisme pourrait apparaître comme une alternative, mais il ne peut se limiter à la seule contestation. Pour être porteur d’un véritable avenir, il doit s’appuyer sur un esprit critique solide, capable de proposer un modèle cohérent, une vision qui dessine un futur souhaitable. Or, l’esprit critique est lui-même mis à mal, bousculé par la surinformation, la polarisation des opinions et l’effacement des grandes références idéologiques.
Finalement, deux modèles de priorité semblent s’opposer. D’un côté, une forme de bonheur insoutenable, rappelant l’univers de 1984 de George Orwell, où la stabilité et l’équilibre de vie deviennent synonymes de stagnation, voire d’aliénation. De l’autre, une existence marquée par des bonheurs épars, petits et grands, dans un monde en perpétuelle construction, porté par la créativité et l’incertitude.
Pris entre ces deux visions contradictoires, le monde contemporain semble s’agiter sans direction véritable. L’action politique et sociale se réduit trop souvent à une gestion à court terme, où l’on ne modifie que la forme sans oser toucher au fond. Cette agitation perpétuelle, dictée par l’urgence et la peur du changement profond, ne parvient pas à insuffler une dynamique porteuse de sens. Loin d’inspirer, elle engendre un malaise diffus, une impression d’épuisement face à une modernité en perpétuelle recomposition.
Notre époque se heurte à une illusion : celle d’un progrès qui se construirait sans imagination, sans remise en question profonde des modèles hérités. Or, il ne s’agit pas simplement de contester, ni de préserver, mais d’oser penser autrement. Une société qui refuse d’imaginer son propre avenir se condamne à errer entre nostalgie et agitation stérile. Il ne suffit pas de dénoncer l’effondrement des repères anciens ou d’embrasser aveuglément les flux du présent ; il faut esquisser des horizons inédits, redéfinir nos liens, notre rapport au vivant, notre manière d’habiter le monde. Car une société qui ne rêve plus est une société qui se soumet, l’avenir ne se subit pas, il se rêve, il se construit.
Ce qu’il nous faut, plein de petits et grands bonheurs dans un monde éclairé par le vivant, portant une quête de sens par une lecture sensible avec des valeurs immatérielles telles que l’écologie, l’humanisme ou l’universalisme. Il s’agit d’inventer une trajectoire, un chemin, où la transformation s’accompagne de sens, où l’esprit critique reprend sa place, et où le bonheur ne soit ni imposé, ni quantifié et évalué, ni aléatoire, mais construit par une société capable d’imaginer son propre avenir.
Edition : début de l’étape 1 – 18/03/2025
compléter le PAD : https://mypads2.framapad.org/mypads/?/mypads/group/enjeux-societaux-m8gwl9o5/pad/view/une-societe-capable-d-imaginer-son-propr-dl1xb39lu
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