En cours – quelques notes en vrac
https://shs.cairn.info/revue-humanisme-2017-2-page-53?lang=fr
La volonté de créer des communs solidaires reflète un désir de réinventer les modes de gestion et d’accès aux ressources et aux services de manière collective, équitable et durable. Les « communs » sont des ressources gérées et partagées par une communauté, tandis que l’adjectif « solidaire » met l’accent sur la justice sociale et la coopération. Il s’agit d’une approche opposée aux dynamiques de privatisation et de monopolisation des biens publics ou naturels.
Les communs
Les « communs » sont des ressources (naturelles, matérielles ou immatérielles) partagées par une communauté selon des règles collectivement définies, en vue de préserver l’accès pour tous et de garantir leur durabilité. Ces communs incluent :
- Les ressources naturelles : terres, forêts, eaux, océans, etc.
- Les biens culturels et numériques : logiciels libres, connaissances en accès libre, œuvres artistiques.
- Les infrastructures publiques : transports, systèmes de santé ou d’éducation.
- …. et les générations futures !
Les communs solidaires
Un système de communs solidaires repose sur quelques principes clés :
- Propriété collective ou partagée : Les communs ne sont ni privatisés, ni centralisés sous la propriété exclusive d’un État ou d’une entreprise. Ils appartiennent à tous, et leur gestion est partagée.
- Gouvernance participative : Les décisions concernant l’usage des ressources sont prises par les communautés elles-mêmes, dans un cadre démocratique et transparent.
- Accès équitable : Tous les membres de la communauté doivent avoir un accès égal aux ressources, avec un objectif de réduction des inégalités économiques et sociales.
- Responsabilité environnementale : Les communs sont liés au respect et à la protection des ressources naturelles et à une richesse durable et robuste, pour s’assurer que leur exploitation ne compromette pas les générations futures.
Quelques exemples concrets de ce que peuvent être les communs solidaires
- Les coopératives énergétiques : Dans de nombreuses régions, des citoyens se regroupent pour créer des structures de production d’énergie renouvelable (éolien, solaire), où l’énergie produite est gérée collectivement et redistribuée de manière équitable, avec des tarifs souvent inférieurs à ceux du marché privé.
- Les jardins partagés : Ces espaces de culture collective, souvent situés en milieu urbain, permettent à des communautés locales de produire leur propre nourriture, tout en renforçant les liens sociaux et en favorisant des pratiques écologiques.
- Les logiciels libres et open-source : Ces programmes sont développés par des communautés et mis à disposition gratuitement, permettant à tous de les utiliser, les modifier et les partager, tout en échappant aux logiques de brevet et de propriété intellectuelle privative.
- L’économie du partage : Certaines plateformes comme les bibliothèques d’objets ou les espaces de co-working visent à mutualiser l’utilisation des ressources (outils, bureaux, véhicules) pour réduire la consommation individuelle et accroître l’accès à des ressources souvent coûteuses.
Les communs solidaires en opposition à la logique néolibérale
L’idée des communs solidaires est souvent une réaction contre le néolibéralisme et la tendance à privatiser ou à monétiser des ressources autrefois publiques ou partagées. Alors que le néolibéralisme valorise la propriété privée, la concurrence, l’accaparement et l’individualisme, les communs solidaires se fondent sur la coopération, la mutualisation et le respect des droits collectifs.
Par exemple :
- L’accès à l’eau est un commun naturel, qui doit être accessible à tous. La privatisation de ce bien vital par des multinationales a souvent conduit à des augmentations des prix et à l’exclusion des plus pauvres, ce qui va à l’encontre des principes de solidarité.
- Les soins de santé peuvent être gérés comme un commun solidaire, avec une approche axée sur l’universalité et l’accès pour tous, plutôt que sur la maximisation des profits dans un système privatisé.
Les défis de la création des communs solidaires
Créer et gérer des communs solidaires n’est pas sans défis. Parmi les difficultés rencontrées :
- La gouvernance : Il peut être complexe de mettre en place des mécanismes de décision participatifs qui soient réellement inclusifs et efficaces, surtout quand la communauté est large ou hétérogène.
- Les tensions avec le secteur privé : Les entreprises privées et les États peuvent percevoir les communs comme une menace pour leur modèle économique ou leur autorité. Dans certains cas, les biens communs sont privatisés ou accaparés par des acteurs économiques puissants (comme les terres ou l’eau).
- La durabilité : Il est essentiel de trouver un équilibre entre utilisation des ressources et préservation sur le long terme, particulièrement pour les ressources naturelles.
En résumé
La volonté de créer des communs solidaires traduit un engagement à bâtir des modèles économiques et sociaux plus justes, où les ressources sont partagées équitablement et gérées de façon responsable par les communautés elles-mêmes. Cela s’oppose aux logiques de privatisation, d’exploitation marchande et de concentration des richesses.
Dans un monde marqué par des crises sociales et environnementales croissantes, les communs solidaires apparaissent comme une voie essentielle pour repenser nos modes de vie.