Version 5 du 14/04/2025
Rebâtir des échanges et des flux économiques justes et solidaires.
Et si, au lieu de concentrer toute notre attention sur les 5 à 8 % de l’économie européenne potentiellement affectés par les nouveaux droits de douane américains, nous regardions plutôt les véritables fragilités qui nourrissent notre inquiétude collective ? Vendre aux États-Unis n’est pas un pilier vital de notre avenir.
Oui, certains secteurs seront sans doute déstabilisés, et les inquiétudes sont légitimes — notamment pour celles et ceux dont l’emploi en dépend. Mais en se focalisant uniquement sur ces impacts sectoriels, nous cherchons à livrer une bataille défensive, quand il faudrait faire un choix stratégique. Le choix de nous poser enfin les vraies questions : dans quel modèle voulons-nous vivre ? Quelle autonomie pour nos sociétés ? Quel avenir pour la planète ? Et quelles transitions devons-nous engager pour construire une économie viable, juste et soutenable, pour toutes et tous ?
À chaque frémissement de hausse de tarifs douaniers, le même chœur s’agite : celui des défenseurs du libre-échange sans limite, des prophètes de la croissance infinie, des champions de la “compétitivité”. Et toujours, la population est sommée de s’inquiéter pour le “pouvoir d’achat”, le “progrès”, ou “l’ordre établi”.
Mais peut-être est-il temps de regarder ce que cet ordre produit. Car ce monde d’échanges dérégulés, où des fraises traversent l’Atlantique en hiver et où des crevettes font le tour du globe avant d’atterrir dans nos assiettes, n’a rien de rationnel. Il est même l’un des moteurs principaux du chaos actuel : dérèglement climatique, effondrement de la biodiversité, dumping social, perte d’autonomie des peuples.
À quoi bon défendre un modèle qui transforme les peuples en dernier maillon de la chaîne de production mondialisée, sans visage ni finalité autre que la rentabilité et la consommation ? Un modèle qui détruit, au passage, ce dont nous avons le plus besoin pour vivre dignement : la nature, la solidarité, la souveraineté sur ce que nous mangeons, produisons, décidons.
La situation apparait hors de contrôle. Le moment de décider, c’est maintenant.
Le commerce mondial actuel n’est pas neutre. Il est construit sur l’exploitation des ressources, des territoires et des personnes. À force de croire que tout doit circuler, on a installé une logique folle : produire là où c’est le moins cher, sans jamais se demander à quel prix. Moins cher parce que les droits sociaux sont inexistants. Parce que les normes environnementales sont absentes. Parce que les paradis fiscaux garantissent l’impunité.
Le résultat, on le connaît : des paysans européens étranglés, des pays du Sud dépossédés, des biens essentiels qui parcourent des milliers de kilomètres pour finir dans nos rayons — quand nous pourrions les produire ici, dans des conditions justes.
Repenser les échanges. Reprendre la main.
Il ne s’agit pas de se replier sur soi ; Il s’agit de reconstruire une économie capable de tenir dans la durée, au service des besoins réels, et non de la seule fluidité des marchés. Une économie qui protège plutôt qu’elle ne précarise. Qui réduit les transports inutiles, réhabilite le travail local, redonne à chaque territoire la possibilité de produire, de nourrir, de vivre.
Ce n’est pas une démarche anxiogène qui cherche à s’opposer à l’autre mais une démarche ouverte qui prône nos valeurs ; nous ne voulons pas nous couper du monde.
Nous proposons de construire en s’appuyant sur les points suivants :
- Une réduction radicale des transports de marchandises inutiles et polluants ;
- Une préférence locale et écologique dans les achats publics ;
- Des droits de douane ajustés aux impacts sociaux et environnementaux réels des produits importés ;
- Des clauses miroirs obligatoires dans tous les accords commerciaux : mêmes normes, mêmes droits, mêmes devoirs ;
- Une fin de l’impunité fiscale des grandes multinationales qui exploitent ce système tout en contribuant à sa destruction.
- L’accompagnement social des secteurs dont la surface économique est remis en cause en basculant les investissements et la force productive dans des secteurs essentiels non pourvus sur le territoire.
Nous appelons à choisir maintenant ce que nous voulons préserver.
Ce basculement est inéluctable. Le commerce mondial change, la géopolitique « s’électrise », les chaînes de valeur se fragilisent, le climat nous rattrape. Ne pas choisir, c’est laisser faire. C’est subir, plus tard, des décisions prises ailleurs, pour d’autres intérêts que les nôtres.
Nous appelons donc toutes celles et ceux qui ne veulent ni repli, ni résignation, à rejoindre cet appel à une reconstruction juste et réaliste de notre modèle économique.
Signons cette lettre. Portons-la dans les débats. Et faisons en sorte qu’elle ne soit pas seulement un constat, mais un point de départ.
Edition : début de l’étape 1 – 14/04/2025
compléter le PAD : https://mypads2.framapad.org/p/il-s-agit-de-choisir-6w3aau9dq
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