Les Communs

Les « communs » : une manière d’agir, de faire ensemble  #commun #postcroissance

S’inscrivant dans le cadre plus large de la réflexion sur la postcroissance, ce texte n’a pas vocation à démontrer une vérité, mais à formuler une visée, une ambition.

Un commun, c’est ce qu’un groupe de personnes décide de gérer collectivement, selon des règles qu’ils choisissent eux-mêmes. Par exemple, un jardin partagé, un logiciel libre ou une bibliothèque autogérée peuvent être des communs — des « communs » parce qu’il a été décidé ensemble de les faire vivre selon la raison d’être de chaque collectif qui les anime.

Cette manière d’agir ensemble est différente de l’État ou de l’entreprise industrielle ou agricole, qui impose des règles de fonctionnement, et différente du marché, qui cherche surtout le profit. Le commun propose une autre voie : celle de la coopération, de la démocratie, et du partage ou de l’échange équitable.

Les communs c’est donc une manière de vivre, produire et décider collectivement – cela définit le tiers secteur qui existe comme une économie hybride entre privé et public … et cela change tout !

On pourrait parler d’économie collaborative … mais attention !

Le tiers secteur crée une chaîne de valeur ou chaque maillon doit rester dans la coopération sans but lucratif et c’est toujours la communauté qui collabore aux décisions et à la production. Le mot « partage » est à la mode. On parle d’économie collaborative, de covoiturage, de plateformes numériques… Mais souvent, ce monde collaboratif et de partage a un maillon faible et cache une logique commerciale. Des entreprises comme Airbnb ou Uber prétendent « mettre en commun », mais en réalité, elles privatisent le lien social et les « avantages qui vont avec.

Ce n’est pas juste une question de « nouvelles » technologies, d’organisation, c’est une question de justice sociale et d’autonomie.

Et la propriété dans tout ça ?

Le capitalisme fonctionne avec une idée forte : le droit exclusif de propriété qui garantit aux propriétaires la possibilité de décider de l’utilisation, la destination, le maintien de ses qualités et de la pérennité d’un bien — c’est-à-dire le droit et le pouvoir d’exclure les autres de l’usage d’une chose … sans cette garantie de posséder le capitalisme privé ou d’état ne pourrait pas exister.

Les communs proposent une autre vision : une propriété d’usage. Ce qui compte, ce n’est pas « à qui ça appartient », mais comment c’est utilisé et au service de qui. Une coopérative, une association, un habitat partagé… ce sont des formes de propriété collective ou partagée, où l’usage commun compose avec l’intérêt individuel et patrimonial.

Transformer la force destructrice du capitalisme en élan de coopération et de justice

Dans un monde où le capital dilapide ressources et droits au nom du profit, faire croître les communs, c’est retourner contre lui son propre élan : plutôt que de s’opposer frontalement, on canalise cette dynamique pour créer des espaces de coopération, de justice et de respect du vivant. À l’image de l’aïkido, art martial fondé sur l’harmonisation des forces, les communs redirigent les flux économiques et sociaux vers des usages partagés, démocratiques et durables. Mieux qu’une simple résistance, ils incarnent une riposte créative : en s’appuyant sur l’énergie du capitalisme, ils l’usent de l’intérieur jusqu’à vouloir transformer ses règles du jeu.

Le tiers secteur qui s’appuie sur des communs « naturés » et humanisés c’est une autre façon de produire, de consommer, d’habiter, de penser l’enfance et de proposer des solidarités alternatives sociales, culturelles, universalistes .C’est un modèle de coopération qui doit se donner les moyens de gérer les discordances par le lien et le droit. Sur un temps long il ouvre la possibilité de « dissoudre » le capitalisme à partir d’initiatives rejetant le principe de l’industrialisation centralisatrice. C’est la force d’une économie hybride résultant de ce mélange qui devra trouver un équilibre de société nouveau et apaisé … pour une autre façon de vivre

Les communs, ce n’est pas un concept abstrait ou réservé aux spécialistes. C’est une manière très concrète de reprendre la main sur ce qui nous concerne tous : notre nourriture, notre santé, notre savoir, notre habitat, notre énergie etc…

Cela fait partie de la réponse à la crise écologique, sociale et démocratique. C’est aussi une invitation à agir maintenant, ensemble, là où on est, avec ce qu’on a.